Ragache Gilles. L'Outre-Mer français dans la guerre (1939-1945).
Economica 2014. 227 pages, 27 euros.
Au terme d'une recherche approfondie dans les archives françaises et anglo-saxonnes, Gilles Ragache nous livre un historique complet d'un sujet assez mal connu.
Dans ses grandes lignes, cette histoire s'inscrit dans les relations conflictuelles entre la France Libre et Vichy, face aux ambitions britanniques et américaines. A la déclaration gaulliste du 18 juin « la France n'est pas seule », Vichy oppose sa souveraineté sur un vaste empire, qui contrairement aux affirmations de Churchill, n'est pas soumis au pouvoir des dictateurs, mais qui est menacé par les appels à la rébellion de la radio de Londres. Les menaces de Churchill se traduisent par des attaques armées et des pertes d'hommes et de navires français, qui s'ajoutent à celles de Mers-el-Kebir et de Syrie ; elles sont tempérées par la politique de Roosevelt qui traite au cas par cas les territoires et se contente de contrôler les mouvements maritimes aux Antilles.
L'année 1940 est marquée par les ralliements de vive force opérés par les gaullistes dans le Pacifique ( à l'exception de Wallis et Futuna), et par le déclenchement du blocus britannique, sévère dans l'Océan indien, limité aux Caraïbes grâce à la conférence de la Havane (30 juillet) et à l'accord cash and carry (4 août) des amiraux Robert et Greenslade à Fort de France.
Après le coup de force, condamné par Cordell Hull , de l'amiral Muselier sur St Pierre et Miquelon (Noël 1941), et en 1942, les pressions de d'Argenlieu sur Wallis et Futuna, les Américains s'installent en masse en Nouvelle Calédonie et à Bora Bora.
En mai 1942, prétextant une menace japonaise, la Navy s'empare de Diego Suarez avec 20.000 hommes contre 3.000, coule 3 sous-marins français et débarque à Mayotte en mai, puis à Majunga et Tulear en septembre. Abandonnant Tananarive, le gouverneur Anet est contraint de négocier avec l'autorité occupante (sic) de Madagascar et est remplacé par le général FFL Legentilhomme. Le CV Evenou prend pied à la Réunion le 27 novembre 1942 .
Le débarquement américain du 8 novembre en Afrique du Nord calme le jeu. A Djibouti en décembre, le général de Gaulle accepte le maintien du général Dupont. Les gouverneurs de Madagascar et Mayotte sont mis aux arrêts, et Churchill reconnaît la souveraineté française, tout en gardant le pouvoir à Diego Suarez. En mars 1943, le gouverneur de Guyane se rallie au général Giraud, lequel rencontre Roosevelt le 5 juillet ; contraint de négocier, le général de Gaulle accepte la relève de l'amiral Robert par l'ambassadeur Hoppenot.
Pendant toute la guerre , l'influence des Etats-Unis, du Brésil, de la Nouvelle Zélande, de l'Australie et de l'Afrique du sud s'est imposée sur l'empire français, jusqu'au retrait des troupes alliées de 1944 à 1946. Après les périodes troublées de 1945 dans plusieurs territoires, il faudra attendre le 16 mars 1946 pour que soit votée à l'unanimité la loi de départementalisation des DOM-TOM .
Plusieurs annexes précisent la participation active des troupes d'outre-mer au conflit.
Maurice Faivre, le 6 août 2014.
Belkaid Akram. Retours en Algérie. Des retrouvailles émouvantes avec l'Algérie d'aujourd'hui. Carnets Nord, 2013. 217 pages, 19 euros.
Essayiste vivant à Paris, journaliste au Monde diplomatique, Akram Belkaid retourne en Algérie qu'il a quittée en 1995 après avoir vécu les brutalités de la guerre civile. Il accompagne un groupe de Français, lecteurs d'un hebdomadaire chrétien engagé, conduits par Jean-Claude Guillebaud. Le voyage débute à Tlemcen et se poursuit par Oran, Sidi Bel Abbès et l'Algérois.
Algérien patriote, l'auteur décrit un pays aux mains d'une caste de privilégiés, hostile au Printemps arabe dont il a vécu les prémices, condamné à la violence s'il ne se réforme pas. L'autoroute de 1.200 km construite par des Chinois côtoie des villages dévastés et des villes délabrées. Atteinte à 10 % de troubles mentaux, la population déplore la corruption des élites. Les jeunes soumis au chômage représentent cependant un espoir de survie, ils ne sont pas destructeurs comme leur homologues des banlieues françaises.
Musulman convaincu, Belkaid souhaite réinterpréter les textes coraniques, il est opposé au port du hidjab et à l'enfermement des femmes ; partisan de tolérance religieuse, il observe que les musulmans vénèrent Notre Dame d'Afrique et déplorent l'assassinat des moines de Tibherine et de Mgr Claverie. Parallèlement, l'Eglise d'Algérie refuse le prosélytisme et se fait éducatrice.
Pour les jeunes, la page du passé est tournée et l'histoire doit être désacralisée. Le souvenir des harkis égorgés, de la torture et des destructions de l'OAS est évoqué, mais le massacre du 5 juillet à Oran semble ignoré. Les Français rapatriés, victimes de l'exode, sont accueillis avec une grande hospitalité. Quelques Chinois, convertis à l'Islam, s'adaptent mieux que les Pieds Noirs à la culture algérienne.
L''humanisme de l'auteur et sa maîtrise de la langue française méritent d'être soulignés.
Maurice Faivre, le 17 juillet 2014
Benmaalem Hocine. Mémoires du général-major Benmaalem. Tome I . La guerre de libération nationale. Editions Casbah 2014, 268 pages
Originaire d'El Kalaa, la forteresse naturelle des Beni Abbès, Hocine Benmaalem s'est engagé en 1956 dans l'ALN, à 17 ans et demi, a été Commandant de Région et ministre, et a terminé sa carrière aux cotés du président Chadli en 1992. Il rapporte avec un grand souci d'objectivité les évènements qu'il a vécus pendant la guerre de libération. Les tomes suivants ne manqueront pas d'intérêt.
Il revient sur l'histoire de son douar, attaché à son autonomie et à l'idéologie des oulemas, classé en zone interdite en 1959 ; l'auteur a été formé par un instituteur engagé, dans une école publique incendiée par le FLN, avant d'intégrer le lycée de Sétif où il souffre de l'inégalité sociale. A la suite de la grève étudiante de mai 1956, il rejoint le maquis et se trouve à Ifri au moment du Congrès de la Soummam. Repéré par Amirouche, il devient son secrétaire et l'accompagne dans son enquête de septembre-octobre 1956 en Wilaya des Aurès, puis dans sa mission à Tunis en 1957 (date non précisée). De juin 1957 à avril 1959, il suit les cours des académies militaires de Syrie et du Caire. Sous-lieutenant dans l'ALN de Tunisie, il est brimé par le capitaine Chabou et le colonel Mohammedi ; exfiltré par Ahmed Bencherif, il sert dans un bataillon frontalier avant d'être affecté en 1960 à la Direction générale de l'instruction. En avril 1961, il suit un stage d'artillerie en Tchécoslovaquie. Après l'indépendance, il se rend à Sétif et est intégré dans la wilaya 1 par le colonel Zbiri.
La relation par l'auteur du Congrès de la Soummam confirme les décisions importantes prises pour l'organisation politique et militaire de la Révolution ; mais la primauté du politique et de l'intérieur sur l'extérieur sera rejetée par le CNRA d'août 1957. Le rapport de mission d'Amirouche dans l'Aurès est très intéressant, il décrit ses relations conflictuelles avec Omar Benboulaid et Adjoul. Le déplacement à Tunis, parfois menacé par les opérations françaises, permit à Amirouche de dialoguer avec Ouamrane, Bouglez, Mahsas, le Cdt Kaci, F.Fanon, de recueillir Noël Favrelière, et de s'opposer au CCE qui voulait l'envoyer au Maroc.
Benmaalem exprime son admiration de la personnalité du colonel Amirouche, qui n'était ni sanguinaire, ni anti-intellectuel, mais actif et infatigable (contrairement à Mohammedi Said) ; il est attentif au moral des combattants et de la population. Il est cependant responsable des arrestations lors de la bleuïte, dont les erreurs sont estimées à 10 %; les manoeuvres du capitaine Léger sont relatées avec précision. L'ALN extérieure, l'organisation de l'instruction (DGI) et la formation des officiers au Moyen Orient sont bien présentées, avec de légères différences avec l'évaluation du 2ème Bureau ( 25.000 hommes en Tunisie, manque deux bataillons).
L'auteur donne le point de vue du FLN, assez objectif, sur plusieurs affaires : Oiseau bleu, Melouza, complot de Boudaoui, dissidence de la base de l'Est, népotisme en petite Kabylie, assassinat d'Abane Ramdane, élimination de Lotfi par le colonel Jacquin, les 100 jours du conseil des wilayas. Il est enfin un observateur impartial de la crise du FLN-ALN, depuis la réorganisation du commandement en janvier 1960, la création conjointe de l'EMG et du CIG, la démission refusée et la dégradation de Boumediene, le contrat de carence au CNRA de Tripoli, la constitution du Bureau politique, et les combats fratricides du 30-31 août 1962 (1.000 morts). Les responsabilités de la crise, qui a porté un coup sévère au prestige de la Révolution, sont partagées entre l'EMG, le GPRA et les Wilayas 3 et 4.
Il estime en conclusion que Krim Belkacem a été brillant à Evian, et que Boumediene a créé une armée efficace, reconvertie en Armée nationale populaire ; mais il a maintenu les grades à des officiers supérieurs incompétents. En définitive, il a manqué un chef incontesté à la tête de la Révolution. L'observateur extérieur peut se demander si les ambitions personnelles de plusieurs chefs n'ont pas compromis l'instauration d'un régime démocratique en Algérie, et entraîné l'échec de la Révolution.
Maurice Faivre le 31 juillet 2014
Gregor Mathias. Les vampires à la fin de la guerre d'Algérie. Mythe ou réalité ?
Michalon. 2014, 187 pages, 16 euros
Chercheur assidu de l'histoire militaire, Gregor Mathias a découvert en 2007 un document du 1er Régiment étranger qui relate l'appel au secours, en mai 1962, d'un légionnaire prisonnier du FLN : « ils sont corrects avec nous; ils nous donnent bien à manger, mais c'est pour prendre notre sang...et après ils nous tueront ». Des années de recherche ont permis de complèter cette information par des archives et des témoignages qui confirment une rumeur dénoncée par le Père de Laparre et par Guy Pujante : le recours par l'ALN à des prélévements sanguins forcés, jusqu'à la mort des détenus.
Ce fait historique, jugé imaginaire par Raphaelle Branche, énorme bobard pour Régine Goutalier, douteux pour le général Katz, se situe dans la fin d'une guerre, où règne la violence mimétique du FLN et de l'OAS, marquée par les désirs de meurtre des colonisés selon Sartre, une violence jugée rédemptrice par Mohammed Harbi.
C'est l'époque où les musulmans, se sentant rejetés des hôpitaux français, créent des structures médicales clandestines dans les quartiers autochtones d'Alger et d'Oran. Ces cliniques improvisées sont dépourvues de réserves de sang, dans la mesure où l'Islam condamne la pratique de la transfusion (jugée impure), jusqu'à ce que le CICR (et les Kabyles) s'en préoccupent. Plusieurs charniers sont découverts dans les banlieues d'Alger et d'Oran ; on y trouve des cadavres vidés de leur sang ou des corps sèchant au soleil. La non-ouverture des archives algériennes ne permet pas de faire le bilan des prélèvements sanguins pratiqués.
Ces comportements inhumains ne sont pas invraisemblables. L'auteur relate en conclusion les mêmes pratiques barbares par les Khmers rouges, les Talibans afghans, l'UCK au Kosovo, les Indiens au Népal et à nouveau les Algériens au Polisario. La référence aux vampires qui sucent le sang des vivants n'est pas une fiction. Cette recherche historique approfondie, soulignant tous les arguments pour ou contre des faits horribles, est consternante.
Maurice Faivre, le 15 juillet 2014
Jean Monneret. Camus et le terrorisme. Michalon, 2013, 190 pages, 16 euros.
Dans cet ouvrage, Jean Monneret s'applique à retracer ce que fut l'évolution intellectuelle d'Albert Camus face au système politique du terrorisme. Il analyse les principaux ouvrages de l'auteur, dont « l'Homme révolté et Les Justes », et les commentaires qu'en ont tirés Olivier Todd, Robert Zaretsky et Michel Onfray. Il part de la déclaration du Prix Nobel en décembre 1947 - déclaration souvent falsifiée - qu'il rectifie comme suit :
« A l'heure ou nous parlons, on jette des bombes dans les tramways d'Alger. Ma mère peut se trouver dans l'un de ces tramways. Si c'est cela la justice, je préfère ma mère ». Il contredisait ainsi le sens de l'Histoire des idéologues, et l'idée que « la fin justifie les moyens ».
Exclu du parti communiste en 1937, Camus a suivi les contradictions du communisme à l'heure du voyage de Laval en Russie. En Algérie, ces contradictions conduisaient à accuser les nationalistes de fascisme. En 1942-43, l'expérience de la Résistance, à Lyon puis à Paris, révèla à Camus l'abjection totalitaire du nazisme et du stalinisme, et lui fit condamner l'avilissement de l'homme dans les camps. Il constatait également que la résistance française ne pratiquait pas le terrorisme, contrairement à l'opinion de Badinter.
L'opposition de Sartre contre Camus, développée dans les colonnes des Temps modernes, met en lumière le rôle des juges-pénitents, compagnons de route de la révolution soviétique, elle-même héritière de la terreur de 1793. La même illusion conduit au soutien du FLN, adepte du terrorisme révolutionnaire, et dont la prétention laïque s'appuie en fait sur la théocratie islamiste et provoque la guerre civile arabo-musulmane.
Tout en condamnant la pratique de la torture, Camus observe que la dénonciation de la répression encourage les terroristes. L'échec de sa campagne pour la Trève civile entraîne son refuge dans le silence, face à une situation inextricable où l'Algérie meurt de résignation généralisée. Passant en revue les justifications de la violence « libératrice du peuple », de Zohra Driff à Pontecorvo et à l'exposition du Musée de l'Armée, l'auteur relève un nœud inextricable d'accusations qui se poursuit dans la guerre civile des années 90. La vertu du révolté, selon Camus, serait au contraire de ne pas céder au mal.
La thèse camusiennne de 1937, Métaphysique chrétienne et néoplatonisme, révèle certains ressorts de sa philosophie. Il oppose l'héritage gréco-latin de Plotin et Saint Augustin au messianisme marxiste et au nihilisme des mauvais génies de l'Europe (Hegel et Nietzsche). Il se prononce ainsi pour la philosophie méditerranéenne de la mesure.
En conclusion, Jean Monneret estime que le terrorisme, devenu islamiste et mondial, appelle le recours aux armes spirituelles. Plusieurs annexes documentées complètent cette réflexion enrichissante.
Maurice Faivre, le 12 août 2013
Pervillé Guy. Oran, 5 juillet 1962. Leçon d'histoire sur un massacre.
Vendémiaire, 2014, 317 pages, 20 euros
Cet ouvrage est une mise au point sur le massacre de près de 700 Européens d'Oran le 5 juillet 1962, massacre largement occulté par les médias et les autorités politiques, alors que la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris, 100 fois moins meurtrière (30 tués en comptant large) fait l'objet de commémorations officielles et de publications médiatiques et cinématographiques.
L'auteur a choisi la voie de l'historiographie, il analyse selon un plan chronologique tout ce qui a été dit et écrit par près de quarante témoins, acteurs, journalistes et historiens : - l'exhumation des faits avant l'ouverture des archives (1992) – les interventions tumultueuses de 1992 à 2000 – l'apport décisif des historiens de 2000 à 2013.
Le massacre du 5 juillet fait suite à des alternances de violence et de calme. La ville d'Oran a subi le terrorisme FLN de 1956 à 1958, puis a connu un calme certain jusqu'à la recrudescence de cette violence en août 1960. En réaction aux attentats de l'OAS de 1962, le FLN lance en avril le terrorisme silencieux des enlèvements.
Les chapitres chronologiques appellent une lecture critique : ils reproduisent de longues citations des auteurs, qui seront contredites quelques pages suivantes. Ainsi le général Katz est-il contredit par Alain-Gérard Slama et le consul Herly, la thèse de JF Paya critiquée par Jean Monneret, et les vérités de Benhamou démolies par Meynier et Harbi. Deux historiens algériens, Rouina et Soufi, approuvent les décisions du capitaine Bakhti et du préfet Souaiah, sans pouvoir faire référence à des archives inexistantes.
Dans sa conclusion , Guy Pervillé essaie de comprendre ce qu'ont été les responsabilités des acteurs, en levant les tabous de l'histoire officielle :
en dépit de l'admiration d'Ageron, l'aveuglement du général Katz ne fait aucun doute ; son incrimination de l'OAS n'est sans doute pas retenue par les Algériens, mais on ne peut écarter le désir de vengeance des quartiers musulmans,
le capitaine Bakhti accuse le brigand Attou, responsable des atrocités du petit lac, mais Bakhti a-t-il tout dit, était-il l'exécutant de Boumediene ou du GPRA ? N'est-il pas le promoteur de la campagne d'enlèvements ? Attou a-t-il été exécuté ?
Boumediene a atteint son but d'élimination du GPRA, mais rien ne prouve qu'il a provoqué les violences du 5 juillet ;
la thèse du soutien de Ben Bella par le général de Gaulle ne tient pas ; ses directives montrent qu'il privilégiait la neutralité face aux responsables algériens ; sans doute condamnait-il les initiatives de reprise du combat, mais il n'est pas établi qu'il aît donné des ordres à Katz le 5 juillet ;
le GPRA a-t-il fait preuve d'imprévoyance en promouvant les célébrations de l'indépendance, alors que Saad Dahlab avait promis qu'on attendrait le 6 juillet ? Ce point n'est pas clair et de nouvelles recherches paraissent souhaitables.
Une recension ne peut tout dire, elle ne peut que conseiller une lecture attentive de cette historiographie , un modèle du genre, complété par tout l'appareil scientifique des notes, des cartes, des sources et de l'index des noms.
Maurice Faivre, le 31 mai 2014
Général André Zeller. Journal d'un prisonnier. Tallandier 2014. 607 pages, 25,50 euros.
Bernard Zeller publie le journal que son père a tenu dans les prisons de Clairvaux et de Tulle de 1961 à 1966. Chaque jour ou presque, le général relate les conditions de sa détention, les visites de sa famille, les relations des 14 détenus entre eux et le sentiment du devoir accompli. De nombreux rappels historiques sont ajoutés par Berard Zeller en bas de page.
La détention est relativement libérale ; ils se rencontrent tous les jours et bénéficient du respect des gardiens et de prisonniers de droit commun qui sont à leur service, mais par crainte de l'évasion, ils sont soumis à une surveillance constante : mirador et limitation des hospitalisations.
Les plaies ne sont pas cicatrisées, les prisonniers restent farouchement anti-gaullistes et opposés à l'évolution algérienne. Ils apprécient Lecanuet et Mitterrand, et s'intéressent à l'évolution de l'Europe
André Zeller lit beaucoup et rédige des recensions remarquables. Voici comment il décrit les relations et les sentiments des prisonniers, parmi lesquels il a une grande admiration pour Hélie Denoix de Saint-Marc.
5 au 10 juin. « L'accord règne entre nous tous. Après deux ans de captivité et en considérant la diversité de nos caractères très formés - nos âges vont de 40 à 65 ans et nos carrières nous inclinaient vers la personnalité – c'est un fait remarquable que l'harmonie règnant ici.
A la base, il y a une communauté d'aspirations, disons d'idéal, bien que ce mot soit mal accepté dans le monde moderne.
Nous avons tous la même conception chrétienne du devoir, même ceux qui ne sont pas pratiquants dans leur religion. Nous sentons tous que l'intérêt, la richesse, le bien-être ne sont pas des buts satisfaisants. Nous avons tous une âme.
Et la cause de notre incarcération, l'abandon de l'Algérie, nous unit encore plus étroitement. Cette opération sournoisement menée, avec un dédain parfait de l'homme, qu'il soit né en France ou en Algérie, ne pouvait que provoquer la réaction de tous ceux qui n'ont pas un compte-chèques à la place du cerveau. Nous avons, tous les quatorze ici présents, été à la pointe des protestataires. Aucun de nous n'en a jamais eu le moindre repentir."
Maurice Faivre, le 28 juin 2014
Bouchaïb Kaci. Un jeune kabyle face aux horreurs de la guerre d'Algérie.
L'Harmattan 2013, 263 pages, 23,5 euros
Dans un village de la Kabylie des Babors, Kaci garde un souvenir douloureux des évènements de son adolescence :
les interrogatoires brutaux d'un officier colonial,
l'entente du village avec les « rebelles » de Kabylie,
l'oppression tyrannique des fellaghas de Djidjelli : ils enlèvent le contremaître qui donnait du travail aux habitants, imposent corvées, famine et propagande politique, enterrent vivants les suspects,
la révolte des hommes qui en 1959 s'engagent dans une harka et dans l'autodéfense,
le massacre en 1962 de dizaines de harkis qui ont refusé d'être rapatriés,
l'acharnement du Commissaire politique du FLN contre les familles survivantes.
Replaçant cette mémoire dans le cadre des traditions kabyles, Kaci évoque les soulèvements de 1871 et 1945 et cite quelques témoignages inédits concernant Bellounis et Amirouche.
Un témoignage authentique, écrit simplement, qu'il faut lire, malgré queques photos un peu sombres.
Maurice Faivre, le 14 septembre 2013
Cochet François. Etre soldat, de la Révolution à nos jours. A. Colin, 2013, 285 pages, 22 euros.
Le texte est complété par des documents éclairants de Vigny, Déroulède, Lyautey et de Gaulle, suivis d'une bibliographie sélective et d'un glossaire.
Après son ouvrage sur les « Armes en guerre », le professeur Cochet propose une vaste fresque sur l'histoire du soldat français depuis la Révolution. Cette synthèse montre quelle fut l'évolution des structures militaires, des formes de la guerre, de la formation et de la condition du soldat, de son rapport à la politique et à la société française.
Faisant des aller-retour du professionnel au soldat-citoyen, le militaire français a été formé sur le tas avant d'être scolarisé dans des écoles spécialisées ; il a été engagé dans la guerre révolutionnaire et impériale, dans les guerres coloniales et mondiales, avant d'intervenir dans des OPEX humanitaires ; porteur de liberté en 1793, il est longtemps interdit de politique, sa condition sociale est précaire et son avancement retardé ; son image est parfois caricaturée dans l'opinion, ou conspuée par des défaitistes. Ces constats donnent l'occasion à l'auteur de démentir quelques désinformations : la prétendue « chair à canon » des unités autochtones, l'armée anti-dreyfusarde, boulangiste ou putschiste, alors que la majorité demeure légaliste.
Remarquablement décrites dans leur rapport avec l'histoire de France, ces évolutions historiques ne changent rien à la condition permanente du soldat, qui a le pouvoir de donner la mort et le devoir de donner sa vie pour son pays. Il peut être soumis aux traumatismes de la peur, de la blessure et de la captivité. Il est porteur des valeurs de fidélité, d'honneur et de discipline, exprimées par la culture du cérémonial. Il entretient l'esprit de corps et la fraternité d'armes. Il est apprécié par la société civile quand il se reconvertit après être dégagé des cadres.
Cet ouvrage a une qualité pédagogique. Il apprendra beaucoup aux étudiants et à tous les jeunes privés de service militaire, il rappellera aux historiens des détails oubliés. Il devrait montrer aux hommes politiques que le soldat n'est pas un fonctionnaire ordinaire.
Maurice Faivre, le 22 mai 2013
Philippe Conrad. 1914 - La guerre n'aura pas lieu. Genese Edition, 2014. 197 pages, 22,5 euros.
Dans une étude très documentée, Philippe Conrad se demande si la guerre de 1914 aurait pu être évitée. Il ne s'agit pas d'une uchronie, mais de l'analyse de toutes les évolutions politiques, économiques et militaires qui avant août 1914 auraient pu générer une autre histoire. Au printemps 1914, rien ne laissait présager le déclenchement d'un conflit mondial.
Tout en notant la grande complexité des causes de la guerre, le directeur de la NRH souligne les conséquences du conflit dans lequel l'Europe, à l'apogée de sa puissance, a perdu sa position dominante, et a subi des pertes humaines et matérielles qui restent dans la mémoire douloureuse des opinions publiques.
L'antagonisme franco-allemand, remontant aux affaires du Palatinat (1681), de la libération de la Prusse en 1813 et aux humiliations de 1871, a connu des phases de tension et d'apaisement, marquées par l'isolement de la France imposé par Bismarck, par la welt-politik de Guillaume II, par le rapprochement des classes ouvrières et par le roman national de Déroulède. La volonté de revanche était sans doute minoritaire dans l'opinion française.
Les rivalités coloniales concernant le Maroc, la Tunisie et l'Afrique avaient été règlées avant 1914 par le partage des zones d'influence, et même par des accords entre l'Angleterre et l'Allemagne. Les concurrences économiques faisaient l'objet d'ententes ponctuelles entre les acteurs européens, et contrairement à la thèse de Lénine, le capitalisme était plutôt favorable au maintien de la paix mondiale. La course aux armements et les plans de guerre offensifs étaient tempèrés par les aspirations pacifistes des sociaux-démocrates, par les conventions de la Cour de la Haye et par les liens familiaux des monarques.
La poudrière balkanique avait entraîné une succession de crises et de conflits, mal résolus, entretenus par la conjuration de la Main Noire et des Services de Serbie, et par le soutien de la Russie. Mais l'enquête sur l'attentat de Sarajevo aurait pu connaître une issue de compromis, et aucune personnalité politique, en juillet 1914, ne voulait un conflit d'envergure.
lI se produit donc le 1er août une accélération de l'histoire, dans laquelle se combinent l'engrenage des alliances, les conspirations incertaines des Serbes, la surenchère de la course aux armements et l'optimisme des plans de guerre. Ce résumé sommaire est un encouragement à la lecture d'un ouvrage qui témoigne de connaissances historiques approfondies.
Maurice Faivre, le 14 mars 2014
Finkielkraut Alain. L'identité malheureuse. Stock 2013. 234 pages, 19,5 euros.
Né en 1949 à Paris d'un père polonais, l'auteur était en khagne en mai 1968 avant d'intégrer Normale Sup à Saint Cloud., puis de professer la philosophie à Polytechnique. Il a observé toutes les évolutions de la pensée moderne, depuis mai 68 où il fallait « tout repenser », à l'illusion mitterandiste de vouloir « changer la vie » et au rejet du totalitaire par les indignés, qui n'oublient pas que les Lumières ont produit la terreur révolutionnaire,
Il passe en revue les dérives du « politiquement correct », l'apparition des adolescents prolongés en bobos, les hésitations du laïcisme face au foulard islamique, l'abandon de la galanterie pour la domination sexuelle, l'histoire contestée par la religion, l'identité française confrontée au droit à la différence et au métissage, le refus de l'intégration, l'interconnection du net préférée à la lecture des grands auteurs. Au 21ème siècle, le désir d 'être respecté conduit à la violence, la diversité est surévaluée, les discriminations entraînent la haine du pays d'accueil et le rejet d'un « passé abject », les élites sont condamnées par la passion égalitaire. L'identité nationale est déconstruite dans l'instant et dans l'interactif. Les Français qui ont été législateurs de l'Europe, liquident leur héritage.
Approuvant le rejet du racisme par Levi-Strauss, il observe que l'anthropologue, face à la diversité culturelle du genre humain, conclut par la préservation de notre héritage et la transmission de notre identité. Il souhaite qu'une éducation libérale incite à la modestie face aux grands esprits (Pascal, Renan , Péguy et Simone Weil) qui restaurent les solidarités naturelles en s'ouvrant à l'universel. La vision pessimiste de la réalité présente impose de sortir de l'indifférencié et de pratiquer la démocratie.
Maurice Faivre, le 1er avril 2014
Jean Monneret. Camus et le terrorisme. Michalon, 2013, 190 pages, 16 euros.
Dans cet ouvrage, Jean Monneret s'applique à retracer ce que fut l'évolution intellectuelle d'Albert Camus face au système politique du terrorisme. Il analyse les principaux ouvrages de l'auteur, dont « l'Homme révolté et Les Justes », et les commentaires qu'en ont tirés Olivier Todd, Robert Zaretsky et Michel Onfray. Il part de la déclaration du Prix Nobel en décembre 1947 - déclaration souvent falsifiée - qu'il rectifie comme suit :
« A l'heure ou nous parlons, on jette des bombes dans les tramways d'Alger. Ma mère peut se trouver dans l'un de ces tramways. Si c'est cela la justice, je préfère ma mère ». Il contredisait ainsi le sens de l'Histoire des idéologues, et l'idée que « la fin justifie les moyens ».
Exclu du parti communiste en 1937, Camus a suivi les contradictions du communisme à l'heure du voyage de Laval en Russie. En Algérie, ces contradictions conduisaient à accuser les nationalistes de fascisme. En 1942-43, l'expérience de la Résistance, à Lyon puis à Paris, révèla à Camus l'abjection totalitaire du nazisme et du stalinisme, et lui fit condamner l'avilissement de l'homme dans les camps. Il constatait également que la résistance française ne pratiquait pas le terrorisme, contrairement à l'opinion de Badinter.
L'opposition de Sartre contre Camus, développée dans les colonnes des Temps modernes, met en lumière le rôle des juges-pénitents, compagnons de route de la révolution soviétique, elle-même héritière de la terreur de 1793. La même illusion conduit au soutien du FLN, adepte du terrorisme révolutionnaire, et dont la prétention laïque s'appuie en fait sur la théocratie islamiste et provoque la guerre civile arabo-musulmane.
Tout en condamnant la pratique de la torture, Camus observe que la dénonciation de la répression encourage les terroristes. L'échec de sa campagne pour la Trève civile entraîne son refuge dans le silence, face à une situation inextricable où l'Algérie meurt de résignation généralisée. Passant en revue les justifications de la violence « libératrice du peuple », de Zohra Driff à Pontecorvo et à l'exposition du Musée de l'Armée, l'auteur relève un nœud inextricable d'accusations qui se poursuit dans la guerre civile des années 90. La vertu du révolté, selon Camus, serait au contraire de ne pas céder au mal.
La thèse camusiennne de 1937, Métaphysique chrétienne et néoplatonisme, révèle certains ressorts de sa philosophie. Il oppose l'héritage gréco-latin de Plotin et Saint Augustin au messianisme marxiste et au nihilisme des mauvais génies de l'Europe (Hegel et Nietzsche). Il se prononce ainsi pour la philosophie méditerranéenne de la mesure.
En conclusion, Jean Monneret estime que le terrorisme, devenu islamiste et mondial, appelle le recours aux armes spirituelles. Plusieurs annexes documentées complètent cette réflexion enrichissante.
Maurice Faivre, le 12 août 2013
Trevidic Marc. Terroristes. Les 7 piliers de la déraison.JC Lattès, 2013, 285 pages, 18 euros.
Juge d'instruction au pôle antiterroriste du TGI de Paris, l'auteur présente un nouvel ouvrage sur le terrorisme, qui s'appuie sur quelques cas concrets, dont les identités sont parfois masquées :
- l'agent koweitien, qui promet des révélations et se fait sauter dans une réunion de la CIA,
- le lycéen Stéphane, converti à l'islam radical et mourant en martyr en Irak,
- le président Reagan livrant des missiles Stinger à El Qaida,
- le moudjahed fuyant le camp d'entraînement détruit par les drones et agonisant dans une grotte,
- les femmes pratiquant le jihad médiatique, et parfois terroriste à condition de ne pas être mères de famille,
- les histoires d'amour qui se terminent par la mort du garçon,
- le gros poisson, intellectuel qui recrute et encourage des jihadistes sans s'engager lui-même.
Ces exemples mettent en lumière les pratiques des terroristes : - l'hijra (hégire), refuge dans un vrai pays musulman - le jihad défensif, masquant la préparation du jihad offensif - la taqiyya qui dissimule la volonté de recourir à la violence. Le candidat au terrorisme passe par trois phases de formation : radicalisation religieuse, endoctrinement-exploitation, passage à l'acte. Des vidéos d'égorgement, et la vision des houries paradisiaques renforcent ses convictions. Mais les Saoudiens considèrent le terrorisme comme une déviance religieuse .
Débutant en Egypte vers 1980, le terrorisme islamique a touché de nombreux pays. Al Qaida l'a marqué par son expansion mondiale, idéologique et massive (3.900 morts en six ans). Ses héritiers ( Zawahiri au Pakistan, Abou Bassir au Yemen), ne font pas le même poids. Puis est apparu le terrorisme individuel des loups solitaires, dont Merah représente sans doute un faux exemple, mais dont la capacité de contagion n'est pas nulle : 175 jeunes français condamnés, 800 mineurs capturés en 2007 en Irak.
Le terrorisme, entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation et la terreur, présente des difficultés de traitement pour le policier et le magistrat. Il faut trouver des preuves, relever des faits, recourir à l'article 411.4 d'intelligence avec une puissance étrangère. Il y a parfois intrusion du politique, comme dans l'affaire de Roubaix. Il faut choisir entre la liberté individuelle et l'exigence de sécurité. Quand faut-il-intervenir ? Peut-on laisser partir des candidats au djihad ? Faut-il libérer un suspect ?
Remarquablement documenté, ce livre démontre l'absence de raison du djihadiste, la stupidité des croyances salafistes et la nécessité de lutter contre cet ennemi intérieur.
Maurice Faivre, le 11 mars 2013
Maurice Vaïsse (sous la direction de). De Gaulle et l'Algérie. 1943-1969.
Armand Colin, 2012 , 353 pages, 27,5 euros.
Les Actes du colloque tenu les 9 et 10 mars 1962 aux Invalides, sous la direction de Maurice Vaïsse, sont publiés avec le soutien de la DMPA. Ce colloque est intéressant, car il a fait appel à 22 intervenants de sensibilités différentes, dont trois Algériens. Quatre témoins ont confronté leurs points de vue. Sept débats et une table ronde ont permis à d'autres personnalités de s'exprimer.
Cette recension ne peut analyser tout ce qui a été dit, et soulignera d'abord, avant les aspects positifs, les aspects négatifs de la politique gaulliste, à savoir la succession de malentendus et d'ambiguité qu'a présentée sa politique algérienne. Une politique sans clarté selon Georgette Elgey, d'un homme qui n'a pas d'expérience coloniale (J.P. Rioux) ni de contre-guérilla, est parfois abattu, mais pragmatique, qui réagit avec une autorité sans partage, et sans humanité.
Bien qu'il ait approuvé la répression de mai 1945, d'octobre 1961, de mars 1962, ainsi que les opérations du plan Challe, la confrontation avec l'armée était inévitable (M.Vaïsse) en raison des incertitudes d'une politique (Rioux) qui fut assimilationniste en 1944, communautaire en 1958, fédérale en 1959, pour aboutir à la République algérienne de novembre 1960.
Ce désintérêt pour l'Algérie couvre en fait la volonté de modifier les institutions, d'élargir la politique de la France en direction de l'Europe et du tiers-monde, et de rejeter la domination atlantiste (général Ely). Tel serait l'aspect positif de cette politique.
Plusieurs intervenants proposent des analyses convaincantes :
- la collaboration de l'entourage, dans laquelle Odile Rudelle met en valeur le rôle modérateur de Pompidou et de Pierre Racine,
- la victoire du plan Challe reconnue par Djerbal, Mostefaï et Antoine Prost,
- le plan d'insurrection de mai 1945, découvert par le préfet Benmebarek, qui contredit la manifestation spontanée de J.P. Peyroulou,
- l'affaire Si Salah ré-écrite par Guy Pervillé d'après la thèse de Robert Davezac,
- la nébuleuse de l'O.A.S., née dans le contre-terrorisme de 1955, confrontée à la police et aux barbouzes sans le soutien de l'armée (O.Dard et R. Le Doussal) ,
- les divisions de l'opinion sur la politique algérienne, explicitées par Benjamin Stora,
- le problème crucial du Sahara, souligné par Chantal Morelle et le docteur Mostéfaï,
- l'opposition gaulliste aux anglo-saxons dès 1943, aggravée par les bons offices et le double jeu américain,
- le double langage des soviétiques et des satellites, alignés sur les positions du PCF et donnant la priorité à la question européenne,
- la victoire diplomatique du FLN, de 1958 à 1969 ((J.J. Byrne, J. Jackson).
En revanche, certaines interprétations appellent la discussion :
- l'inefficacité de la Commission de Sauvegarde par l'Algérienne Ferhati, qui focalise son analyse sur une seule affaire et ignore l'action positive de Maurice Patin,
- le non-engagement des officiers selon F. Guelton, qui fonde son analyse sur les archives des Régions militaires, et non sur les journaux de marche des capitaines d'Algérie,
- l'absence de chaos de l'été 1962, et la réussite de la rentrée scolaire selon Daho Djerbal,
- la politique d'unité du peuple selon Mostefaï, qui occulte la dictature militariste du parti unique,
- la légende de la riposte FLN contre l'O.A.S, organisation qui disparait en juin 1962.
Certains thèmes enfin auraient mérité des études approfondies :
- les raisons de l'échec d'une troisième force ( Bellounis, CSP, FAAD...etc)
- la politique de recrutement et l'abandon des supplétifs (accord de Gaulle à Challe, promesses du général Crépin, rapport Massenet, politique de maintien de Joxe)
- l'action psychologique du général Ely et du colonel Lacheroy, comparée à celle du Général.
Les Actes du colloque offrent ainsi un grand nombre de mises au point intéressantes, et posent des questions qui appellent de nouvelles recherches.
Maurice Faivre, le 9 avril 2013.
mercredi 25 juin 2014
mardi 24 juin 2014
bibliographie Alain Roux
SALAN
Quarante années de commandement
Pierre Pellissier PERRIN 26 €
Parker du général Raoul Salan est un exercice encore dangereux aujourd’hui, pourtant ce personnage de l’Histoire de France est une figure incontournable. Le jeune officier commence sa carrière d’une manière qui explique la suite : la responsabilité d’un territoire isolé dans le Haut-Tonkin. Tous ceux qui ont connu les Affaires Indigènes ou les « postes coloniaux » savent ce que cela signifie. Le « renseignement » ensuite de 1937 à 1943 complète la formation de cet officier qui aura à la fois des amitiés durables et des adversaires ne jugeant que sur sa singularité. Ensuite sont développées les deux grandes parties de sa vie, les grands commandements en Indochine puis celui de l’Algérie française. En Indochine, entre Leclerc, Thierry d’Argenlieu et Hô Chi Minh, il mène en 1946 une partie difficile face à des acteurs politiques qui se moquent des populations malgré leurs discours. Ce terrible épisode est souvent minimisé. Plus tard, comme adjoint de de Lattre de Tassigny puis comme son remplaçant il fait ce qu’il peut avec les moyens disponibles. Là aussi de nombreux épisodes sont oubliés actuellement, il est vrai que 60 ans c’est loin pour beaucoup. Enfin le grand commandement en Algérie est bien expliqué, avec ses facteurs contradictoires. En particulier les événements du 13 mai 1958 sont évoqués avec un grand nombre de détails, mais en oubliant quelques-uns. L’évolution, apparente, du Président De Gaulle est assez bien décrite. Les préparations de la révolte du 22 avril 1961 et ce qui s’ensuit apprendront beaucoup à ceux qui ne connaissent pas l’Histoire, mais feront sursauter quelques-uns pourtant jeunes à l’époque. La période de l’OAS est bien résumée et surtout la conclusion est juste : l’OAS n’avait pas de projet politique. L’histoire du procès du général Salan est détaillée bien que connue. En résumé cette biographie du général Raoul Salan fera connaître aux moins de 60 ans deux périodes cruciales de l’Histoire de la France et rappellera aux autres un temps où, trop jeunes, ils ne connaissaient pas le dessous des cartes : le sous-titre du livre aurait dû être plutôt Vingt années de luttes contre l’abandon.
Ce livre est indispensable pour ceux qui veulent aller au-delà des discours officiels.
Alain J. ROUX
La Grande Guerre
Fin d’un monde, début d’un siècle
François Cochet PERRIN Ministère de la Défense 25 €
A l’heure où prolifèrent les ouvrages relatifs aux combattants de la guerre de 1914-1918, souvent intéressants d’ailleurs, cet ouvrage de synthèse, en 517 pages, résume assez bien toutes les études faites depuis une vingtaine d’années, et qui ont renouvelé l‘étude de cette période. C’est dire d’entrée qu’il est utile pour un public abreuvé de clichés. L’auteur est bien connu des spécialistes. Sur la forme, précisons qu’il est imprimé en caractères lisibles, que la bibliographie est substantielle, les schémas bien faits, mais que les notes abondantes sont reportées en fin de volume. Sur le fond, le découpage des périodes reprend ce qui commence à être utilisé chez les historiens -et que j’ai schématisé en 2008- : l’avant-guerre, les années du conflit militaires principal de 1914 à 1918, les années qui suivent où sont imbriqués les traités, appelés traités de paix ce qui est loin d’être le cas, et les opérations militaires qui continuent. Le lecteur peut ainsi lire le livre par chapitre sans être jamais perdu. Le premier chapitre « Pourquoi la guerre ? » est de loin le plus novateur, bien qu’une assertion, p.22, sur Delcassé me semble en contradiction avec ce que j’ai lu récemment, donc à vérifier. Ce chapitre justifie le livre ; les chapitres suivants détaillent les années du conflit militaire en insistant sur les arrières des fronts et sur les événements militaires et civils de tous les belligérants ; cet ouvrage traite vraiment de la Première Guerre Mondiale : en dehors de l’Allemagne et de la France, les autres Etats ne sont pas négligés. Une autre observation en 1918, le général Pétain est en opposition, sur la tactique, avec le général Foch qui soutient les généraux routiniers d’où le désastre du Chemin des Dames, le détail n’est pas précisé. Le dernier chapitre surprendra la plupart des lecteurs lambda, mais ne peut être qu’apprécié fortement. Enfin la sensibilité de l’auteur perce par moment.
Cet ouvrage est recommandé, les qualités l’emportent de très loin sur quelques critiques.
Anatomie de la Bataille
John Keegan PERRIN 23 €
Ce très grand classique est enfin édité en français; pour qui a connu, même très peu, John Keegan décédé récemment, cet auteur reste vraiment à la pointe de la pyramide des historiens militaires. Cet ouvrage en est la preuve. Le titre français est une interprétation du titre anglais mais ne le trahit pas ; 5 chapitres, en 400 pages, qui à la limite peuvent être lus séparément, traitent du même sujet : comment les participants à une bataille peuvent-ils y risquer leur vie ou une mutilation grave, et comment ressentent-ils ce risque pendant, et après s’ils en réchappent ? Le premier chapitre est un essai sur la généralité des batailles et des combats. Qu’en disent les survivants ? L’historien peut-il en tirer des observations générales puis des conclusions ? Azincourt 1415, décrit la bataille d’après les chroniqueurs, il est surtout une suite de réflexions sur les différentes catégories de combattants à la fin de l’époque médiévale, quand l’ère chevaleresque est presque terminée. Waterloo 1815, trois siècles plus tard, marque la fin des batailles de l‘époque dite classique. Là, l’auteur dispose d’un très grand nombre de témoignages, majoritairement anglais, et montre que chaque expérience est individuelle. Les combats locaux, la discipline qui varie suivant les épisodes et les unités, les blessés, sont décrits tour à tour par les témoins surtout officiers, qui eux savent écrire. Ici, la bataille est vraiment celle des combattants bien que l’activité de Wellington soit retracée, et ce n’est pas celle à laquelle on croit. La Somme, 1er juillet 1916, se situe dans la première phase de l’ère industrielle pour les Européens. Les 100 pages de ce chapitre, bâti sur le même plan que le précédent - témoins et combats locaux, effets des armes, les blessés- commence par une description émouvante du vaste champ de bataille britannique en France, et l’analyse des origines des combattants et de leur inexpérience. Un siècle plus tard, et 40 ans après son écriture, cette image de la guerre des tranchées est toujours un modèle pour les historiens. Enfin le dernier chapitre, Les batailles de demain, est une réflexion sur les combats évoqués et sur ceux de la Deuxième Guerre Mondiale. Il a été écrit bien avant la fin de la Guerre Froide, il n’en garde pas moins un intérêt didactique. Pour conclure, on peut dire que cet ouvrage se lit très facilement et qu’il est d’une grande clarté, malgré la complexité des combats et des guerres.
La lecture de ce classique est indispensable tant aux historiens en tous genres qu’aux militaires de toute catégorie. Il est rare de trouver une étude aussi complète.
Alain J. ROUX
JOFFRE
Rémi Porte PERRIN 23 €
Rémy Porte est l’un des principaux historiens de la Première Guerre Mondiale : on peut lui faire confiance. La lecture attentive de sa biographie de Joffre surprendra le lecteur. On découvre la guerre de 1870-71, le travail sous l’égide de Séré de Rivières, surtout une expérience coloniale considérable en Afrique, en Indochine et à Madagascar. Un regret : cette partie est trop résumée pour ceux qui s’intéressent à cette épopée. Joseph Joffre officier du Génie, y pratique le combat interarmes, les « discussions » avec les autorités civiles, l’initiative du chef isolé. Le lecteur redécouvrira le premier libérateur de Tombouctou contre les marchands d’esclaves, le Tonkin, Formose, aujourd’hui Taïwan, la création de Diego Suarez à Madagascar sous l’égide de Gallieni. Revenu en Métropole dans une époque troublée, Joffre s’impose par sa réserve et sa capacité d’organisation. En moins de 10 ans ses responsabilités successives le propulsent à la tête de l’Armée après de fortes discussions politiques et doctrinales. Il faut réformer le commandement, les doctrines et l’armement, donc se heurter à de nombreux obstacles. Trois années sont trop courtes pour opérer le changement de tous les acteurs potentiels. Le général Joffre, peu expansif, mais instruit par son expérience coloniale va sur le terrain et rencontre les responsables politiques, dont le président Poincaré qui le soutient. Le début des opérations militaires en 1914 est traité au niveau du GQG en 50 pages, ce qui est peu étant donné les controverses ultérieures des acteurs et des historiens. Joffre voudrait conduire les opérations seul comme à son habitude mais ce n’est pas possible. Il doit tenir compte des Britanniques, des Russes, du manque de matériels dû aux « économies » imposées avant la guerre par les parlementaires qui l’attaqueront plus tard. Le chapitre La guerre sera courte pourrait être développé davantage. La bataille de la Marne est gagnée parce que Joffre a réagi rapidement, en une semaine. L’enlisement dans les tranchées s’explique par le manque de matériels modernes et adaptés; les attaques sanglantes, sans résultats, de 1915 sont justifiées par la nécessité de secourir la Russie qui, à défaut de victoires, neutralise une partie des effectifs ennemis. Les opérations de 1916 sont expliquées au niveau du généralissime en bute aux attaques politiques. Ce livre de 400 pages, facilement lisible, est certainement trop succinct pour le lecteur passionné, mais il signale le plus important pour la compréhension des événements militaires.
La lecture du Joffre de Rémy Porte s’impose avant de lire les nombreux ouvrages sur 14-18.
Alain J. ROUX
La désinformation autour de la fin de l’Indochine française
Paul Rignac L’étoile du Berger 22 €
Cet ouvrage résume les années tragiques que vécurent tous les habitants de l’Indochine française de 1939 à 1946. Les événements se succèdent toujours au détriment des populations : après un premier accord du général Catroux avec les Japonais en juin 1940, qui de ce fait est destitué par le premier gouvernement de Vichy, l’amiral Decoux, à la tête de l’Indochine isolée, essaie de la faire survivre, durant quatre longues années ; le coup de force japonais du 9 mars 1945 puis la « libération » achèvent de détruire l’Indochine française. L’attitude du Président De Gaulle qui refuse de connaître la réalité et envoie des agents divers, les Japonais vaincus qui encadrent le Viet-Minh, les dirigeants rooseveltiens aveugles, les Chinois pillards, tous sont hostiles aux Français peu nombreux .Pendant que la population essaie de survivre, se met ainsi en place ce qui deviendra la Guerre d’Indochine puis du Vietnam. En 200 pages l’auteur analyse les témoignages de nombreux acteurs et démolit des propagandes mensongères. Tout ce qu’il écrit est déjà bien connu des intéressés et des historiens spécialistes, mais ici nous avons un résumé des faits accompagné d’une bibliographie sérieuse qui cite les différents acteurs souvent hostiles les uns aux autres. Ce livre est facile à lire et surprendra plus d‘un lecteur.
La lecture de ce petit ouvrage est indispensable pour étudier ensuite la guerre d’Indochine.
Alain J. ROUX
Le Général de Langle de Cary
Un Breton dans la Grande Guerre
Guy Le Muel, Henri Ortholan Editions Charles Hérissey 20 €
Le général Fernand de Langle de Cary est beaucoup moins connu des Français que ses émules, Joffre, Foch, Pétain ou même le général de Castelnau. Lors du centenaire de 1914 Sa biographie est donc nécessaire. Fils d’un officier de Marine, major de sa promotion de Saint-Cyr en 1869, attaché au général Trochu, ce jeune officier est gravement blessé au combat de Buzenval. Il fait une carrière brillante au début de la 3ème République, et se retrouve général bien que catholique affiché, à l’instar de Foch et de Castelnau. En août 1914 il prend le commandement de la 4ème Armée. Ici commence la partie intéressante de l’ouvrage. Bien que certains de ses subordonnés entraînent leurs troupes dans des échecs sanglants comme le célèbre combat de Rossignol du 22 août au cours de la bataille des Ardennes, le commandant de la 4ème Armée réussit sa retraite et bloque l’ennemi sur la Meuse du 26 au 28 août, donc juste avant la bataille de Guise conduite par Lanrezac à sa gauche. De ces combats on parle très peu. Ensuite la retraite continue jusqu’à la bataille de la Marne à laquelle la 4ème participe brillamment. Cette partie est la plus intéressante de l’ouvrage car elle est traitée au niveau des grands états-majors et des échanges entre Joffre et de Langle de Cary , alors que les historiens mettent davantage l’accent sur le théâtre gauche de la bataille, Gallieni, Foch, Franchet d’Espérey. Pour gagner à gauche il fallait que le centre tienne. La seconde partie bien détaillée est celle des offensives de Champagne en 1915 où le général commande un groupe d’Armées. Là aussi le sujet est traité d’une façon inhabituelle, mais véritablement instructive. Enfin la dernière partie : le début de la bataille de Verdun, l’élimination du général de Langle de Cary, à la suite de grenouillages et de l’hostilité de nombreux parlementaires, est analysée avec les documents disponibles. La fin de la biographie est moins instructive à l’exception des pages sur les nominations des Maréchaux. Cette étude apporte beaucoup sur des épisodes très importants de 1914 à 1916, étudiés au niveau des grands responsables. Jusqu’à ces dernières années c’était fort rare. Des schémas clairs sont bien bienvenus.
Ce livre est nécessaire pour comprendre le début des opérations militaires de la guerre de 1914.
Alain J. ROUX
Le général de Castelnau 1851- 1944
Le Soldat, l’Homme, le Chrétien
Patrick de Gmeline Editions Charles Hérissey 45 €
Cet ouvrage imposant, composé par notre camarade Patrick de Gmeline, est autant une biographie qu’un album de photos avec des légendes très détaillées. Ce livre complète les biographies de cette poignée de généraux qui dirigèrent l’armée française dans une période difficile, et réussirent à emporter la victoire militaire malgré des pertes énormes et des lacunes initiales graves, ce qu’écrit, en juillet 1914, le général de Castelnau qui perdit lui-même trois fils au combat. Lieutenant puis capitaine en 1870, à 20 ans, officier aussi brillant que consciencieux, ce qui n’est pas si courant, devenu général malgré sa catholicité affichée dans la décennie 1900, le général de Castelnau devient illustre dans les combats de la Lorraine en août 1914, en particulier au Grand Couronné qui protège Nancy. En 1915 il coordonne la deuxième offensive de Champagne, échec encore discuté par les historiens, et en 1916, comme adjoint direct de Joffre, il agit au début de la bataille de Verdun où il précède Pétain. Ensuite il est mis dans un placard, relatif, et entre le premier à Colmar libéré, mais son courage intellectuel lui valut de ne pas être élevé à la dignité de Maréchal de France ce que l’auteur explique en détail. A la fin de sa longue vie, entouré de sa nombreuse famille, il se consacre à la Fédération Nationale Catholique qui regroupera jusqu’à trois millions de membres. Cet album se lit et se regarde par chapitre, tout y est instructif.
Il est bon qu’un des grands chefs de 14-18, véritable symbole des vieilles familles françaises, soit ainsi présenté dans toute son ampleur.
Alain J. ROUX
Quarante années de commandement
Pierre Pellissier PERRIN 26 €
Parker du général Raoul Salan est un exercice encore dangereux aujourd’hui, pourtant ce personnage de l’Histoire de France est une figure incontournable. Le jeune officier commence sa carrière d’une manière qui explique la suite : la responsabilité d’un territoire isolé dans le Haut-Tonkin. Tous ceux qui ont connu les Affaires Indigènes ou les « postes coloniaux » savent ce que cela signifie. Le « renseignement » ensuite de 1937 à 1943 complète la formation de cet officier qui aura à la fois des amitiés durables et des adversaires ne jugeant que sur sa singularité. Ensuite sont développées les deux grandes parties de sa vie, les grands commandements en Indochine puis celui de l’Algérie française. En Indochine, entre Leclerc, Thierry d’Argenlieu et Hô Chi Minh, il mène en 1946 une partie difficile face à des acteurs politiques qui se moquent des populations malgré leurs discours. Ce terrible épisode est souvent minimisé. Plus tard, comme adjoint de de Lattre de Tassigny puis comme son remplaçant il fait ce qu’il peut avec les moyens disponibles. Là aussi de nombreux épisodes sont oubliés actuellement, il est vrai que 60 ans c’est loin pour beaucoup. Enfin le grand commandement en Algérie est bien expliqué, avec ses facteurs contradictoires. En particulier les événements du 13 mai 1958 sont évoqués avec un grand nombre de détails, mais en oubliant quelques-uns. L’évolution, apparente, du Président De Gaulle est assez bien décrite. Les préparations de la révolte du 22 avril 1961 et ce qui s’ensuit apprendront beaucoup à ceux qui ne connaissent pas l’Histoire, mais feront sursauter quelques-uns pourtant jeunes à l’époque. La période de l’OAS est bien résumée et surtout la conclusion est juste : l’OAS n’avait pas de projet politique. L’histoire du procès du général Salan est détaillée bien que connue. En résumé cette biographie du général Raoul Salan fera connaître aux moins de 60 ans deux périodes cruciales de l’Histoire de la France et rappellera aux autres un temps où, trop jeunes, ils ne connaissaient pas le dessous des cartes : le sous-titre du livre aurait dû être plutôt Vingt années de luttes contre l’abandon.
Ce livre est indispensable pour ceux qui veulent aller au-delà des discours officiels.
Alain J. ROUX
La Grande Guerre
Fin d’un monde, début d’un siècle
François Cochet PERRIN Ministère de la Défense 25 €
A l’heure où prolifèrent les ouvrages relatifs aux combattants de la guerre de 1914-1918, souvent intéressants d’ailleurs, cet ouvrage de synthèse, en 517 pages, résume assez bien toutes les études faites depuis une vingtaine d’années, et qui ont renouvelé l‘étude de cette période. C’est dire d’entrée qu’il est utile pour un public abreuvé de clichés. L’auteur est bien connu des spécialistes. Sur la forme, précisons qu’il est imprimé en caractères lisibles, que la bibliographie est substantielle, les schémas bien faits, mais que les notes abondantes sont reportées en fin de volume. Sur le fond, le découpage des périodes reprend ce qui commence à être utilisé chez les historiens -et que j’ai schématisé en 2008- : l’avant-guerre, les années du conflit militaires principal de 1914 à 1918, les années qui suivent où sont imbriqués les traités, appelés traités de paix ce qui est loin d’être le cas, et les opérations militaires qui continuent. Le lecteur peut ainsi lire le livre par chapitre sans être jamais perdu. Le premier chapitre « Pourquoi la guerre ? » est de loin le plus novateur, bien qu’une assertion, p.22, sur Delcassé me semble en contradiction avec ce que j’ai lu récemment, donc à vérifier. Ce chapitre justifie le livre ; les chapitres suivants détaillent les années du conflit militaire en insistant sur les arrières des fronts et sur les événements militaires et civils de tous les belligérants ; cet ouvrage traite vraiment de la Première Guerre Mondiale : en dehors de l’Allemagne et de la France, les autres Etats ne sont pas négligés. Une autre observation en 1918, le général Pétain est en opposition, sur la tactique, avec le général Foch qui soutient les généraux routiniers d’où le désastre du Chemin des Dames, le détail n’est pas précisé. Le dernier chapitre surprendra la plupart des lecteurs lambda, mais ne peut être qu’apprécié fortement. Enfin la sensibilité de l’auteur perce par moment.
Cet ouvrage est recommandé, les qualités l’emportent de très loin sur quelques critiques.
Anatomie de la Bataille
John Keegan PERRIN 23 €
Ce très grand classique est enfin édité en français; pour qui a connu, même très peu, John Keegan décédé récemment, cet auteur reste vraiment à la pointe de la pyramide des historiens militaires. Cet ouvrage en est la preuve. Le titre français est une interprétation du titre anglais mais ne le trahit pas ; 5 chapitres, en 400 pages, qui à la limite peuvent être lus séparément, traitent du même sujet : comment les participants à une bataille peuvent-ils y risquer leur vie ou une mutilation grave, et comment ressentent-ils ce risque pendant, et après s’ils en réchappent ? Le premier chapitre est un essai sur la généralité des batailles et des combats. Qu’en disent les survivants ? L’historien peut-il en tirer des observations générales puis des conclusions ? Azincourt 1415, décrit la bataille d’après les chroniqueurs, il est surtout une suite de réflexions sur les différentes catégories de combattants à la fin de l’époque médiévale, quand l’ère chevaleresque est presque terminée. Waterloo 1815, trois siècles plus tard, marque la fin des batailles de l‘époque dite classique. Là, l’auteur dispose d’un très grand nombre de témoignages, majoritairement anglais, et montre que chaque expérience est individuelle. Les combats locaux, la discipline qui varie suivant les épisodes et les unités, les blessés, sont décrits tour à tour par les témoins surtout officiers, qui eux savent écrire. Ici, la bataille est vraiment celle des combattants bien que l’activité de Wellington soit retracée, et ce n’est pas celle à laquelle on croit. La Somme, 1er juillet 1916, se situe dans la première phase de l’ère industrielle pour les Européens. Les 100 pages de ce chapitre, bâti sur le même plan que le précédent - témoins et combats locaux, effets des armes, les blessés- commence par une description émouvante du vaste champ de bataille britannique en France, et l’analyse des origines des combattants et de leur inexpérience. Un siècle plus tard, et 40 ans après son écriture, cette image de la guerre des tranchées est toujours un modèle pour les historiens. Enfin le dernier chapitre, Les batailles de demain, est une réflexion sur les combats évoqués et sur ceux de la Deuxième Guerre Mondiale. Il a été écrit bien avant la fin de la Guerre Froide, il n’en garde pas moins un intérêt didactique. Pour conclure, on peut dire que cet ouvrage se lit très facilement et qu’il est d’une grande clarté, malgré la complexité des combats et des guerres.
La lecture de ce classique est indispensable tant aux historiens en tous genres qu’aux militaires de toute catégorie. Il est rare de trouver une étude aussi complète.
Alain J. ROUX
JOFFRE
Rémi Porte PERRIN 23 €
Rémy Porte est l’un des principaux historiens de la Première Guerre Mondiale : on peut lui faire confiance. La lecture attentive de sa biographie de Joffre surprendra le lecteur. On découvre la guerre de 1870-71, le travail sous l’égide de Séré de Rivières, surtout une expérience coloniale considérable en Afrique, en Indochine et à Madagascar. Un regret : cette partie est trop résumée pour ceux qui s’intéressent à cette épopée. Joseph Joffre officier du Génie, y pratique le combat interarmes, les « discussions » avec les autorités civiles, l’initiative du chef isolé. Le lecteur redécouvrira le premier libérateur de Tombouctou contre les marchands d’esclaves, le Tonkin, Formose, aujourd’hui Taïwan, la création de Diego Suarez à Madagascar sous l’égide de Gallieni. Revenu en Métropole dans une époque troublée, Joffre s’impose par sa réserve et sa capacité d’organisation. En moins de 10 ans ses responsabilités successives le propulsent à la tête de l’Armée après de fortes discussions politiques et doctrinales. Il faut réformer le commandement, les doctrines et l’armement, donc se heurter à de nombreux obstacles. Trois années sont trop courtes pour opérer le changement de tous les acteurs potentiels. Le général Joffre, peu expansif, mais instruit par son expérience coloniale va sur le terrain et rencontre les responsables politiques, dont le président Poincaré qui le soutient. Le début des opérations militaires en 1914 est traité au niveau du GQG en 50 pages, ce qui est peu étant donné les controverses ultérieures des acteurs et des historiens. Joffre voudrait conduire les opérations seul comme à son habitude mais ce n’est pas possible. Il doit tenir compte des Britanniques, des Russes, du manque de matériels dû aux « économies » imposées avant la guerre par les parlementaires qui l’attaqueront plus tard. Le chapitre La guerre sera courte pourrait être développé davantage. La bataille de la Marne est gagnée parce que Joffre a réagi rapidement, en une semaine. L’enlisement dans les tranchées s’explique par le manque de matériels modernes et adaptés; les attaques sanglantes, sans résultats, de 1915 sont justifiées par la nécessité de secourir la Russie qui, à défaut de victoires, neutralise une partie des effectifs ennemis. Les opérations de 1916 sont expliquées au niveau du généralissime en bute aux attaques politiques. Ce livre de 400 pages, facilement lisible, est certainement trop succinct pour le lecteur passionné, mais il signale le plus important pour la compréhension des événements militaires.
La lecture du Joffre de Rémy Porte s’impose avant de lire les nombreux ouvrages sur 14-18.
Alain J. ROUX
La désinformation autour de la fin de l’Indochine française
Paul Rignac L’étoile du Berger 22 €
Cet ouvrage résume les années tragiques que vécurent tous les habitants de l’Indochine française de 1939 à 1946. Les événements se succèdent toujours au détriment des populations : après un premier accord du général Catroux avec les Japonais en juin 1940, qui de ce fait est destitué par le premier gouvernement de Vichy, l’amiral Decoux, à la tête de l’Indochine isolée, essaie de la faire survivre, durant quatre longues années ; le coup de force japonais du 9 mars 1945 puis la « libération » achèvent de détruire l’Indochine française. L’attitude du Président De Gaulle qui refuse de connaître la réalité et envoie des agents divers, les Japonais vaincus qui encadrent le Viet-Minh, les dirigeants rooseveltiens aveugles, les Chinois pillards, tous sont hostiles aux Français peu nombreux .Pendant que la population essaie de survivre, se met ainsi en place ce qui deviendra la Guerre d’Indochine puis du Vietnam. En 200 pages l’auteur analyse les témoignages de nombreux acteurs et démolit des propagandes mensongères. Tout ce qu’il écrit est déjà bien connu des intéressés et des historiens spécialistes, mais ici nous avons un résumé des faits accompagné d’une bibliographie sérieuse qui cite les différents acteurs souvent hostiles les uns aux autres. Ce livre est facile à lire et surprendra plus d‘un lecteur.
La lecture de ce petit ouvrage est indispensable pour étudier ensuite la guerre d’Indochine.
Alain J. ROUX
Le Général de Langle de Cary
Un Breton dans la Grande Guerre
Guy Le Muel, Henri Ortholan Editions Charles Hérissey 20 €
Le général Fernand de Langle de Cary est beaucoup moins connu des Français que ses émules, Joffre, Foch, Pétain ou même le général de Castelnau. Lors du centenaire de 1914 Sa biographie est donc nécessaire. Fils d’un officier de Marine, major de sa promotion de Saint-Cyr en 1869, attaché au général Trochu, ce jeune officier est gravement blessé au combat de Buzenval. Il fait une carrière brillante au début de la 3ème République, et se retrouve général bien que catholique affiché, à l’instar de Foch et de Castelnau. En août 1914 il prend le commandement de la 4ème Armée. Ici commence la partie intéressante de l’ouvrage. Bien que certains de ses subordonnés entraînent leurs troupes dans des échecs sanglants comme le célèbre combat de Rossignol du 22 août au cours de la bataille des Ardennes, le commandant de la 4ème Armée réussit sa retraite et bloque l’ennemi sur la Meuse du 26 au 28 août, donc juste avant la bataille de Guise conduite par Lanrezac à sa gauche. De ces combats on parle très peu. Ensuite la retraite continue jusqu’à la bataille de la Marne à laquelle la 4ème participe brillamment. Cette partie est la plus intéressante de l’ouvrage car elle est traitée au niveau des grands états-majors et des échanges entre Joffre et de Langle de Cary , alors que les historiens mettent davantage l’accent sur le théâtre gauche de la bataille, Gallieni, Foch, Franchet d’Espérey. Pour gagner à gauche il fallait que le centre tienne. La seconde partie bien détaillée est celle des offensives de Champagne en 1915 où le général commande un groupe d’Armées. Là aussi le sujet est traité d’une façon inhabituelle, mais véritablement instructive. Enfin la dernière partie : le début de la bataille de Verdun, l’élimination du général de Langle de Cary, à la suite de grenouillages et de l’hostilité de nombreux parlementaires, est analysée avec les documents disponibles. La fin de la biographie est moins instructive à l’exception des pages sur les nominations des Maréchaux. Cette étude apporte beaucoup sur des épisodes très importants de 1914 à 1916, étudiés au niveau des grands responsables. Jusqu’à ces dernières années c’était fort rare. Des schémas clairs sont bien bienvenus.
Ce livre est nécessaire pour comprendre le début des opérations militaires de la guerre de 1914.
Alain J. ROUX
Le général de Castelnau 1851- 1944
Le Soldat, l’Homme, le Chrétien
Patrick de Gmeline Editions Charles Hérissey 45 €
Cet ouvrage imposant, composé par notre camarade Patrick de Gmeline, est autant une biographie qu’un album de photos avec des légendes très détaillées. Ce livre complète les biographies de cette poignée de généraux qui dirigèrent l’armée française dans une période difficile, et réussirent à emporter la victoire militaire malgré des pertes énormes et des lacunes initiales graves, ce qu’écrit, en juillet 1914, le général de Castelnau qui perdit lui-même trois fils au combat. Lieutenant puis capitaine en 1870, à 20 ans, officier aussi brillant que consciencieux, ce qui n’est pas si courant, devenu général malgré sa catholicité affichée dans la décennie 1900, le général de Castelnau devient illustre dans les combats de la Lorraine en août 1914, en particulier au Grand Couronné qui protège Nancy. En 1915 il coordonne la deuxième offensive de Champagne, échec encore discuté par les historiens, et en 1916, comme adjoint direct de Joffre, il agit au début de la bataille de Verdun où il précède Pétain. Ensuite il est mis dans un placard, relatif, et entre le premier à Colmar libéré, mais son courage intellectuel lui valut de ne pas être élevé à la dignité de Maréchal de France ce que l’auteur explique en détail. A la fin de sa longue vie, entouré de sa nombreuse famille, il se consacre à la Fédération Nationale Catholique qui regroupera jusqu’à trois millions de membres. Cet album se lit et se regarde par chapitre, tout y est instructif.
Il est bon qu’un des grands chefs de 14-18, véritable symbole des vieilles familles françaises, soit ainsi présenté dans toute son ampleur.
Alain J. ROUX
samedi 21 juin 2014
Bibliographie du Casoar
Casoar. Le
politique et le militaire.
Avril 2014.
En
présentant ce numéro exceptionnel du Casoar, le général Delort
souligne que le politique et le militaire ont chacun leur rôle,
chacun leur mission, ensemble dans le même but,
et que leur coopération est actuellement facilitée par la
confiance que la nation accorde à l'armée (sondage favorable de 79%
en janvier).
Le
professeur Vial note d'abord le caractère paradoxal du pouvoir
militaire, dérogatoire à la démocratie, alors qu'il va de
pair avec la tradition d'apolitisme de l'armée. Il propose
ensuite un historique des relations entre le politique et le soldat,
qui ont évolué entre plusieurs modèles :
-
la tradition
absolue
ou intégrale qui considère l'armée comme un outil entre les mains
du politique; c'est la conception de la Convention qui ne veut "point
de généralissime",
de la républicanisation
de l'armée qui fait suite à l'affaire Dreyfus,et de la reprise en
main après le putsch de 1961,
-
la tradition relative qui est
celle du 19ème siècle et de 1914, où le chef militaire dispose
d'une large autonomie dans la conduite de la guerre, selon le
concept de Jomini et la pratique de Joffre et de Clémenceau,
-
la tradition réaliste
où à la suite des échecs coloniaux, il y a partage
desresponsabilités, grâce au Conseil de défense conforme au
concept de Clausewitz, et à l'accroissement des responsabilités
du Chef d'état-major des Armées (CEMA).
Dans
ce cadre général, deux anciens CEMA (Lanxade et Georgelin) font
état des relations qui se sont établies entre le CEMA et
le Président. Alors qu'avant 1990 les décisions d'intervention
extérieure étaient prises par le Président en liaison avec
son chef d'état-major particulier (CEMP), lors de la guerre du
Golfe en 1991, un Conseil de guerre journalier s'est tenu avec les 4
chefs d'état-major. Le CEMA, devenu la seule autorité
opérationnelle a créé des organismes adaptés : DRM, COIA, COS. A
partir de 1992, un conseil restreint se tient le mercredi avec
le Président chef des Armées, le Premier ministre, les
ministres des Affaires étrangères et de la Défense, le
CEMA et le CEMP. Cette évolution a permis la prise de
décisions rapides et l'arbitrage nécessaire en cas de
positions divergentes ( réticences de Léotard et de
Chevènement). Les responsabilités du CEMA ont à nouveau été
élargies par les décrets de 2005,
confirmés
en 2013 après quelques hésitations.
Le
professeur Louis Gautier de la Fondation Jaurès confirme que les
relations civilo-militaires se sont apaisées. Le poids des
militaires s'est accru et les gouvernements de gauche ont
pris les principales décisions d'intervention et engagé certaines
réformes.
Le
député Larrivé souhaite que soient respectées les prérogatives
respectives de chacun ; le député Bacquet défend la
spécificité militaire et le
général Bentegeat souligne que le principe cedant
arma togae reste la règle, sauf
en cas d'ordre illégal; le militaire doit tenir son rang. Cependant
le général Cot observe que certains chefs font carrière en
évitant de contredire le ministre.
Les
généraux Georgelin et Desportes définissent les principes qui
doivent guider l'action des militaires : le principe de précaution
impose que les capacités militaires soient suffisantes, le principe
d'autonomie que le chef dispose de sa liberté d'action. Alors
que souvent les objectifs des politiques sont ambigus et, à court
terme, ceux des militaires sont clairs, concrets et à long terme.Le
général Georgelin estime que le CEMA n'est pas un directeur
d'administration comme un autre; son domaine d'action est plus
large que "le coeur du métier",
auquel certains cabinets civils voudraient le limiter; les ressources
humaines, les finances et les relations internationales sont
aussi de sa compétence.
C'est
l'avis de l'amiral Lanxade qui estime que le transfert des
Ressources humaines au SGA est une grave erreur; l'efficacité
opérationnelle dépend en effet de la mise en condition des forces,
qui est une responsabilité du commandement.
Le
général Cot partage le même point de vue; il considère scandaleux
que l'on confie à des fonctionnaires peu compétents des
responsabilités telles que le SGDN, la DGSE, la DICOD, le DPSD et la
revue de Défense nationale. Le général Desportes rejoint ces
critiques en observant les impasees capacitaires de notre
système de défense.
Maurice
Faivre, le 11 mai 2014
jeudi 12 juin 2014
Actualité
HOMMAGE AU PROFESSEUR ANDRE CORVISIER
Par le Général Jean DELMAS
Né à Chartres le 18 Septembre 1918 , d’ une famille de souche lorraine durement éprouvée en 14 – 18 et en 39 – 45 , André Corvisier enseigna en lycée et passa son agrégation d’ histoire . Sa thèse principale , dirigée par Roland Mousnier , sur « L’ armée française de la fin du XVIIIe siècle au ministère de Choiseul . Le soldat « , soutenue en 1963 et publiée en 1964 , et sa thèse complémentaire sur « Les contrôles de troupes de l’ Ancien Régime « ( 4 vol . , 1970 – 1978 ) l’ imposèrent comme l’ inspirateur du renouveau des études militaires à l’ Université . De grands noms l’ avaient précédé : Pierre Renouvin , Gaston Bouthoul , Jean – Baptiste Duroselle , Henri Contamine , Guy Pedroncini . Mais l’ Ecole des Annales , durant les années 60 , avait remisé au placard l’ « histoire – bataille « au profit des aspects économiques et sociaux et des approches quantitatives . Or c’ est cette voie que choisit André Corvisier qui dépouilla 60000 dossiers militaires individuels conservés aux Invalides . Dès lors , l’ histoire militaire retrouva peu à peu sa juste place , comme l’ histoire napoléonienne grâce à Jean Tulard et la géopolitique avec Yves Lacoste .
Professeur aux Universités de Rouen , puis de Paris IV et de Lausanne , André Corvisier devint Trésorier du Comité Français des Sciences Historiques ( 1970 – 1975 ) , et Président de l’ Association des historiens modernistes . En 1990 , il a été nommé chargé de conférences à l’ Ecole du Génie et Colonel de réserve de cette arme .
Collègue et ami du Général Fernand Gambiez , Président de la C.F.H.M. de 1969 à 1989 , et du Général Jean Delmas , qui lui succéda de 1989 à 1999 , il participa aux Congrès internationaux d’ histoire militaire comme rapporteur pour la France, ainsi à Stockholm , à Washington , à Bucarest . Secrétaire général de la C.I.H.M. , il en fut élu Président pour 5 ans en 1980 , et réélu en 1985 . Adjoint du Général Delmas au Bureau de la C.F.H.M. , il dirigea le séminaire « Armées et sociétés « à Paris IV , toujours suivi d’ un « pot « au café de la place de la Sorbonne avec ses fidèles auditeurs : le Pr . Jean Chagniot , le Général Deschard , les Colonels de Saint – Géran , Bonnefoy , Goenaga , le Commandant de La Mardière , M . et Mme Miraval , M . Romain Durand , M . Hermerel , M . Loustau …
De son impressionnante bibliographie , nous ne retiendrons que quelques titres : le « Précis d’ Histoire moderne « ( 1971 ) , guide sûr de plusieurs générations d’ étudiants , « Armées et sociétés en Europe de 1494 à 1789 « ( 1976 ) , sa monumentale biographie de Louvois ( 1983 ) , « Les hommes , la guerre et la mort « ( 1985 ) . Deux ouvrages rédigés sous sa direction constituent des sommes inégalées : le « Dictionnaire d’ art et d’ histoire militaire « ( 1988 ) et l’ « Histoire militaire de la France « en 4 volumes ( 1992 – 1994 ) . Dans les Mélanges André Corvisier « Le soldat . La stratégie . La mort . « , parus en 1989 , Pierre Chaunu , le Général Gambiez et Roland Mousnier ont témoigné de leur admiration et de leur estime envers celui dont tous , étudiants et disciples , ont apprécié la bonté et la droiture .
Parvenu à l’ éméritat , André Corvisier ne cessa pas pour autant de publier des livres de référence : « La Révolution française « , t . I, avec Jean Meyer , en 1991 ; « La Guerre . Essais historiques « , en 1995 , réédité en 2005 avec une postface d’ Hervé Coutau – Bégarie ; « La bataille de Malplaquet , 1709 . L’ effondrement de la France évité . « ( 1997 ) et « Les Saints militaires « ( 2006 ) .
Retiré en Normandie avec son épouse Micheline , il est resté lucide jusqu ‘ au dernier jour et nous a quittés à l’ âge de 95 ans , le 5 Juin 2014 . Universitaire reconnu par ses pairs du monde entier , citoyen exemplaire , ardent patriote , fervent catholique , « honnête homme « au sens du Grand Siècle , tel fut et demeure à jamais André Corvisier .
Bibliographie
Hubert
LE ROUX , Jean Lartéguy . Le dernier centurion , Paris ,
Tallandier , 2013 , 352 p . , 23 , 50 euros .
L’
auteur de ces lignes doit beaucoup à Lartéguy dont les
chefs d’ œuvre ont passionné son adolescence , et regrette
de ne pas lui avoir fait part de son admiration .
Heureusement , Hubert Le Roux , officier et écrivain , fait
revivre la magistrale figure d’ un journaliste de la trempe
des Albert Londres , Joseph Kessel et Lucien Bodard . Jacques
Chancel , dans sa belle préface , ne mâche pas ses mots :
« Nos soldats n’ ont pas été battus , ce sont les
politiques français qui les ont massacrés « . L’
Indochine , encore et toujours …
De
vieille souche lozérienne , Lucien Pierre Jean Osty est né
en 1920 à Maisons – Alfort où son père Albert , sous –
lieutenant d’ Alpins en 1916 , grièvement blessé en 1917 ,
tenait un café . Neveu du chanoine Emile Osty , dont la
traduction de la Bible fait autorité , il a passé sa petite
enfance au pays , près d’ Aumont – Aubrac , où Marie Osty ,
la Mamé , lui a révélé les secrets et les légendes de
cette Margeride sur laquelle plane l’ ombre sanglante de la
Bête du Gévaudan . Mis par son père chez les Jésuites à
la suite d’ une fugue , il y fait de solides études
classiques et obtient le premier prix d’ histoire au concours
général .
Bachelier
, il s’ engage en Novembre 1939 au 155e
R.I. d’ Avignon . Admis à Saint – Cyr au printemps 1940 ,
puis démobilisé , il suit à Toulouse les cours du
médiéviste Joseph Calmette et du philosophe Vladimir
Jankélévitch . Evadé de France et passé en Espagne en 1942
, il souffre de la faim et de la poitrine au camp de
Miranda de Ebro . En 1943 , il est autorisé à gagner le
Maroc via le Portugal .Sorti de l’ Ecole de Cherchell chef
de section d’ infanterie et du génie , il rejoint en 1944
les commandos d’ Afrique et débarque à Marseille libérée
.Il se fait des amis , Jean Delvigne , Paul Ducournau ,
Alexandre Sanguinetti et Louis Laguilharre dit l’ Amiral
avec qui il trouve son futur nom de plume , « Lartéguy
« . Les Vosges , Belfort , l’ Alsace : l’ aspirant
Osty est décoré et cité . Sous – lieutenant en Décembre
1945 , il quitte néanmoins l’ armée .
Il
fait ses débuts de journaliste en 1947 en Iran où ,
informateur de la D.G.E.R. , il rencontre le Chah . En 1951 ,
il part en Corée pour Paris – Presse – L’ Intransigeant
et sert comme lieutenant au Bataillon de Corée commandé
par Monclar . Grièvement blessé sur la cote 851 – opération
Crèvecoeur - , le 12 Octobre , il est hospitalisé à Tokyo
et découvre le Japon . Les récits d’ anciens Kamikaze lui
inspirent « Ces voix qui nous viennent de la mer «
, paru en 1954 ; il racontera l’ Espagne , la Perse et
la Corée dans « Les Mercenaires « ( 1960 )
Après
la mort de Staline et l’ armistice coréen , Paris –
Presse envoie Lartéguy à Hanoï où Cogny met en place l’
opération Castor du 20 Novembre 1953 sur Diên Biên Phu .
Il est au contact des Viets , dans la jungle . Une fois le
désastre consommé , son diagnostic est sans appel : le
C.E.F.E.O. n’ a pas été vaincu mais trahi par des
politiciens sans envergure et une métropole pour qui la
bagnole et les congés payés comptent plus que le maintien
de l’ Union Française , sans oublier l’ action haineuse
et inlassable du P.C.F. en faveur du Vietminh . En Septembre
1954 il assiste à la libération des rescapés des camps
de la mort communistes et à la prise en main d’ Hanoï
par les « canbô « et les « bodoï «
. La guerre subversive marxiste – léniniste a permis la
revanche de l’ Asie sur l’ Europe . Les certitudes des
officiers français vacillent : le « jeu maudit «
, selon le mot de De Lattre à Salan , va t – il continuer
ailleurs ? Spectateur de la guerre des Sectes à Saïgon
( 1955 ) , Lartéguy en retracera les péripéties dans «
Soldats perdus et fous de Dieu « ( 1986 ) , et son
périple chez les Méos du Laos sera à l’ origine des «
Tambours de bronze « ( 1969 ) .
Dans
le chapitre V , « L’ engrenage algérien « , l’
auteur parle longuement de la « question « et cite
des extraits de l’ interview de Djamila Bouhired , Djemila
Bouazza , Zohra Drif et du capitaine Graziani par Lartéguy ,
parue dans « L’ Echo d’ Alger « en Avril 1958
. Deux erreurs sont toutefois à relever , p . 159 : Yacef
Saadi n’ a pas été torturé après sa capture , et p .
162 : « En 1966 , de Gaulle fera d « ailleurs
voter au Parlement une amnistie générale… ». Non , car
les derniers condamnés de l’ O.A.S. ne seront libérés
qu’ en Juin 1968 . En 1959 , ses conversations avec Jean
Pouget , héros de Diên Biên Phu et auteur du «
Manifeste du camp n° 1 « inspirent à Jean Lartéguy ,
installé à Saint – Cézaire – sur – Siagne , un roman qui
, publié en 1960 , demeure un best – seller : «
Les Centurions « . Les personnages sont devenus
légendaires : Raspéguy ( Bigeard ) , Esclavier ( Graziani ?
) , Glatigny ( Pouget ) , Marindelle , Boisfeuras ( Aussaresses ) ,
Mahmoudi , Dia… Cette geste des paras , « lézards «
, « léopards « , « hommes – loups « (
Jean Brune ) sera transposée à l’ écran par Mark Robson
, mais le film est loin d’ égaler « La 317e
section « ou « Le Crabe – Tambour « . Le
public américain redécouvre le livre dans les années 2000
grâce aux généraux Petraeus et Mc Chrystal , lecteurs de
David Galula , lui – même disciple du colonel Trinquier .
Devenu
célèbre , Lartéguy se marie en 1960 avec Victoria Llanso
qui lui donnera deux filles , Ariane et Diane . Il refuse de
s’ engager pour ou contre l’ O.A.S. qui , peu sensible
aux nuances , plastique son appartement parisien . « Les
Prétoriens « ( 1961 ) , « Le Mal jaune « ( 1962
) et « Les Chimères noires « ( 1963 ) , qui
campent en trois personnages , Kreis , Fonts et La Roncière ,
les « Affreux « du Katanga sont parmi ses
meilleurs livres . Le 25 septembre 1965 ; il fait la «
Une « de « Paris Match « avec un reportage
qui constitue un des sommets de sa carrière : «
Notre Indochine dix ans après « ; une photo poignante y
figure , un coup au cœur pour le lecteur : à Diên
Biên Phu , le drapeau est amené…
Désormais
globe – trotter de la guerre , Lartéguy publie « Un
million de dollars le Viet « ( 1965 ) , « Les
Guérilleros « ( 1967 ) sur l’ Amérique latine à l’
heure des brasiers , Fidel Castro et le « Che « ,
« Les Murailles d’ Israël « ( 1968 ) , préfacé
par Moshé Dayan , « Tou homme est une guerre civile «
( 1970 ) , « Voyage au bout de la guerre « ( 1971
) , « L’ Adieu à Saïgon « ( 1975 ) , « La
Guerre nue « ( 1976 ) . Divorcé en 1968 , il se remarie
avec Thérèse Lauriol , sœur du député d’ Alger . A
partir de 2005 , les séquelles de sa maladie de poitrine le
font admettre aux Invalides . Il travaille à son dernier
manuscrit , « Le Prince des années mortes « . Le
22 Février 2011 , le baroudeur s’ éteint et rejoint la
longue cohorte des guerriers des rizières et des djebels ,
qui chantaient : « Souvenir d’ un vieux copain /
Décapité par les Indiens / Souvenir d’ une brave fille
/ Partie pour faire la putain… » ( Le Mal jaune ) .
«
La guerre , il y a ceux qui la font ou l’ ont faite . Et
les autres . «
Que
ce livre émouvant , bien illustré et documenté donne envie
, surtout aux jeunes , de lire et de relire les pages
immortelles consacrées par Jean Lartéguy aux troupes de
choc , c’ est tout ce que l’ on peut souhaiter .
Michel Loustau
Pervillé Guy. Oran, 5 juillet 1962. Leçon d'histoire sur un
massacre.
Vendémiaire, 2014, 317
pages, 20 euros
Cet ouvrage est une mise au point sur le massacre de près de
700 Européens d'Oran le 5 juillet 1962, massacre largement occulté
par les médias et les autorités politiques, alors que la
manifestation du 17 octobre 1961 à Paris, 100 fois moins meurtrière
(30 tués en comptant large) fait l'objet de commémorations
officielles et de publications médiatiques et cinématographiques.
L'auteur a choisi la voie de l'historiographie, il analyse
selon un plan chronologique tout ce qui a été dit et écrit par
près de quarante témoins, acteurs, journalistes et historiens :
- l'exhumation des faits avant l'ouverture des archives (1992) –
les interventions tumultueuses de 1992 à 2000 – l'apport décisif
des historiens de 2000 à 2013.
Le massacre du 5 juillet fait suite à des alternances de
violence et de calme. La ville d'Oran a subi le terrorisme FLN de
1956 à 1958, puis a connu un calme certain jusqu'à la recrudescence
de cette violence en août 1960. En réaction aux attentats de l'OAS
de 1962, le FLN lance en avril le terrorisme silencieux des
enlèvements.
Les chapitres chronologiques appellent une lecture critique :
ils reproduisent de longues citations des auteurs, qui seront
contredites quelques pages suivantes. Ainsi le général Katz est-il
contredit par Alain-Gérard Slama et le consul Herly, la thèse de JF
Paya critiquée par Jean Monneret, et les vérités de Benhamou
démolies par Meynier et Harbi. Deux historiens algériens, Rouina et
Soufi, approuvent les décisions du capitaine Bakhti et du préfet
Souaiah, sans pouvoir faire référence à des archives inexistantes.
Dans sa conclusion , Guy Pervillé essaie de comprendre ce
qu'ont été les responsabilités des acteurs, en levant les tabous
de l'histoire officielle :
- en dépit de l'admiration d'Ageron, l'aveuglement du général Katz ne fait aucun doute ; son incrimination de l'OAS n'est sans doute pas retenue par les Algériens, mais on ne peut écarter le désir de vengeance des quartiers musulmans,
- le capitaine Bakhti accuse le brigand Attou, responsable des atrocités du petit lac, mais Bakhti a-t-il tout dit, était-il l'exécutant de Boumediene ou du GPRA ? N'est-il pas le promoteur de la campagne d'enlèvements ? Attou a-t-il été exécuté ?
- Boumediene a atteint son but d'élimination du GPRA, mais rien ne prouve qu'il a provoqué les violences du 5 juillet ;
- la thèse du soutien de Ben Bella par le général de Gaulle ne tient pas ; ses directives montrent qu'il privilégiait la neutralité face aux responsables algériens ; sans doute condamnait-il les initiatives de reprise du combat, mais il n'est pas établi qu'il aît donné des ordres à Katz le 5 juillet ;
- le GPRA a-t-il fait preuve d'imprévoyance en promouvant les célébrations de l'indépendance, alors que Saad Dahlab avait promis qu'on attendrait le 6 juillet ? Ce point n'est pas clair et de nouvelles recherches paraissent souhaitables.
Une recension ne peut tout dire, elle ne peut que conseiller une
lecture attentive de cette historiographie , un modèle du genre,
complété par tout l'appareil scientifique des notes, des cartes,
des sources et de l'index des noms.
Maurice Faivre, le 31 mai 2014
mardi 10 juin 2014
Colloque des 20-21 novembre 2014.
COMPTE
RENDU DU COLLOQUE INTERNATIONAL DE PARIS
Le
Colloque international sur « 1914 : guerre préparée
, guerre vécue « organisé par la Commission Française
d’ Histoire Militaire s’ est déroulé à l’ Ecole
Militaire les 20 et 21 Novembre 2014 , sous la direction
scientifique du Professeur Dominique Barjot et du Lieutenant –
Colonel Rémy Porte . Parmi les nombreux participants , la
présence du Dr. Piet Kamphuis , Président de la Commission
Internationale d’ Histoire Militaire , et du Colonel Victor A
. Gavrilov , Secrétaire général de la Commission Russe , a
été remarquée .
Après l’
ouverture du Colloque par le Général d’ Armée ( 2 S )
Elrick Irastorza , Président de la Mission du Centenaire , qui
a défini les enjeux de cette commémoration , et l’
introduction due au Pr . Barjot , le premier thème était
intitulé « Les armées préparent la guerre « . Le
Lt . Col . Vincent Arbaretier a retracé avec brio le
parcours du maréchal Conrad von Hötzendorf , partisan de la
guerre préventive contre l’ Italie et la Serbie , et le Lt
. Col . Christophe Gué a montré l’ application du Plan
XVII et les raisons de son échec . Christophe Bechet a
brossé le tableau complet de l’ armée belge du Roi –
Chevalier face à l’ envahisseur . Candice Menat a précisé
la situation de la France entre l’ Angleterre et le Reich
, et Jean – François Tanguy a expliqué le désastre de «
Charleroi , bien pire que Waterloo « . Le Colonel Thierry
Noulens a comparé les cavaleries française et allemande -
respectivement 89 et 93 régiments , autant que sous Napoléon
- , à la veille d’ un conflit qui allait , hélas !
consacrer leur déclin .
L’ armée
britannique a fait l’ objet d’ une étude vivante et
documentée de Maître Cédric Mas , et Elizabeth Greenhalgh a
envoyé sa communication sur les armées australienne et néo
– zélandaise , nées véritablement en 1914 . Le Colonel
Gavrilov a rappelé le relèvement industriel et naval de la
Russie après 1905 et le manque chronique de matériel et
de munitions , malgré l’ aide française , en 1914 – 1915 .
Les deux fronts français et russes étaient interdépendants
et des offensives ont été entreprises pour soulager la
pression allemande sur l’ allié en difficulté . Les débuts
de l’ aéronautique française ont été caractérisés par
Marie – Catherine Villatoux et ceux de la motorisation de
l’ armée française ( 75 véhicules en Juillet 1914 , 90000
en 1918 ) par le Lt . Col . Porte . Le Pr . Jean – François
Pernot a dressé un parallèle entre le génie et les
fortifications français et prussiens . Il a insisté sur le
rôle logistique essentiel du chemin de fer et sur les
pertes élevées des sapeurs .
Le
deuxième thème , « Les neutres en guerre « a été
traité par Elli Lemonidou , de l’ Université de Patras ,
pour la Grèce tiraillée entre Venizelos et le roi
Constantin Ier , et par le Pr . Hubert Heyriès , pour l’
Italie , qui a évoqué l’ épopée des Garibaldiens engagés
en France et l’ hostilité envers l’ Autriche maîtresse
des « Terres irrédentes « , le Trentin et Trieste
.
La dernière
partie , consacrée aux « Peuples et nations en guerre
« a été illustrée par Erwan Le Gall , dont les
travaux portent sur la correspondance des soldats du 47e
R.I. de Saint – Malo , Chantal Dhennin – Lalart sur les
combats de La Bassée et Pierre – Louis Buzzi sur les
immigrés italiens en France . Stéphanie Soubrier s’ est
penchée sur l’ apport des troupes sénégalaises et
indochinoises de la Coloniale . Le Pr . Benoît Lemay , du
Collège militaire royal du Canada , a revu la question des
responsabilités des dirigeants allemands en Juillet 1914 , et
Yves Tesson a fourni un éclairage original sur la maison
de champagne Mumm durant la période des hostilités . Le Pr
. Dominique Barjot a fait revivre la figure et l’ action
de Louis Loucheur ( 1872 – 1931 ) , dans l’ industrie de
guerre et la reconstruction , sans oublier son amitié avec
Walter Rathenau , qui occupait les mêmes fonctions en
Allemagne .
Les
dentistes de la Grande Guerre ont trouvé leur historien , le
Dr . Xavier Riaud ; quant au Capitaine Christian Brun , du
C.R.E.A. , et au Lieutenant Yousra Ouizzane , ils ont exploré
le mythe et la réalité de la représentation du pilote
en 14 – 18 . Le Pr . Rémi Dalisson a montré le passage du
culte du Moblot de 1870 à celui du Poilu de 1914 , et le
Lt . Col . Rémy Porte a fait l’ inventaire raisonné des
ouvrages parus pour le Centenaire en 2013 – 2014 . Le
Professeur François Cochet , de l’ Université de Lorraine –
Metz , a dressé le bilan des cinq premiers mois du conflit
, et dégagé les conclusions du Colloque ainsi que les
directions de recherche pour les futurs historiens .
Le mot de
la fin est revenu au Général Maurice Faivre , Président de
la C.F.H.M. , qui a remercié les intervenants , les
auditeurs et les organisateurs , avant le cocktail de clôture
qui a réuni les participants dans la bonne humeur .
Michel Loustau
GUERRE PREPAREE, GUERRE VECUE, L'ANNEE 1914
Colloque international
APPEL A COMMUNICATIONS
Paris - novembre 2014
La Commission internationale d’histoire militaire est heureuse de vous annoncer l’organisation d’un colloque international qui se tiendra les 20 et 21 novembre 2014 à Paris, dans le cadre des manifestations liées au centenaire de la Première Guerre mondiale.
Ce colloque d’histoire militaire, dont la date est choisie pour marquer le début de la stabilisation des lignes sur le front occidental après la bataille de la Marne et la « course à la mer », se fixe pour objectif d’étudier, dans une perspective comparatiste, comment les nations européennes ont pensé la guerre avant août 1914, comment leurs armées ont envisagé en amont le déroulement du conflit et s’y sont préparées, comment elles sont entrées en campagne et ont été rapidement contraintes de se remettre en question dans tous les domaines. La période couverte s’étend ainsi de la fin de l’année 1913 au début de l’année 1915.
Les propositions peuvent couvrir tous les champs de recherche liés à la question des opérations militaires (doctrine, conception, planification, mise en œuvre, conduite, adaptations, enseignements, etc.) en tant que telles, ainsi qu’aux interactions entre ces sujets et les problématiques politiques, diplomatiques, administratives, économiques, industrielles, sociales, culturelles, etc. L’étude des relations entre le commandement militaire et les structures politiques centrales et le secteur privé, l’histoire des sciences et des techniques, les questions financières et budgétaires, les interactions avec la démographie, etc., entrent par exemple totalement dans ce cadre.
Un accueil particulièrement favorable sera réservé aux propositions émanant de jeunes chercheurs, docteurs et doctorants.
Les langues de travail seront le français et l’anglais.
La date limite pour déposer les propositions de communication est fixée au lundi 14 avril 2014. La liste des intervenants retenus sera diffusée le lundi 28 avril. L’organisation générale du colloque privilégiera les tables rondes et le débat avec l’assistance.
Les propositions sont à adresser à remy-porte@orange.fr. Elles doivent comprendre un rapide CV de l’intervenant (1 page), le titre de la communication, la problématique et un résumé en 700 signes.
Contact et renseignements complémentaires :
michelloustau@numericable.fr
>
Pour plus d'information sur le programme scientifique
contacter « remy-porte@orange.fr »
tel. 33 (0)6 8680 1158
Traduction anglaise
GUERRE PREPAREE, GUERRE VECUE, L'ANNEE 1914
> INVITATION
>
Dear friends,>
The CFHM invites French and foreign historians to participate to the
> international symposium that will take place on November 20 and 21 at
> Ecole militaire, 1 place Joffre Paris.
> This symposium is organized under the aegis of ministère de la
> Défense, of Mission du Centenaire and International Commission of Military History.
>>
The promoters of the symposium chose this date becaus, by end-November,
> the Western front line was about to be set and would not dramatically
> change til 1818. They will promote a comparative study of the military
> thought and management of the war from the end of 1913 til the beginning
> of 1915.
>
A call for papers has been sent to French universities, to the ICMH and to
> national historic commissions.
> The promoters of the symposium will also organize a visit of the musée de
> la Grande Guerre, located in Meaux, on November 22.( morning)
>>
We will be pleased to welcome you at this scientific event.
> Yours, sincerely
>>
General Maurice Faivre Professor Dominique Barjot
CFHM interim President President of scientific commission
For more information about the scientific program and paper proposals,
> please contact "remy-porte@orange.fr"
>Tel. 33 (0) 6 8680 1158
>
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