HOMMAGE AU PROFESSEUR ANDRE CORVISIER
Par le Général Jean DELMAS
Né à Chartres le 18 Septembre 1918 , d’ une famille de souche lorraine durement éprouvée en 14 – 18 et en 39 – 45 , André Corvisier enseigna en lycée et passa son agrégation d’ histoire . Sa thèse principale , dirigée par Roland Mousnier , sur « L’ armée française de la fin du XVIIIe siècle au ministère de Choiseul . Le soldat « , soutenue en 1963 et publiée en 1964 , et sa thèse complémentaire sur « Les contrôles de troupes de l’ Ancien Régime « ( 4 vol . , 1970 – 1978 ) l’ imposèrent comme l’ inspirateur du renouveau des études militaires à l’ Université . De grands noms l’ avaient précédé : Pierre Renouvin , Gaston Bouthoul , Jean – Baptiste Duroselle , Henri Contamine , Guy Pedroncini . Mais l’ Ecole des Annales , durant les années 60 , avait remisé au placard l’ « histoire – bataille « au profit des aspects économiques et sociaux et des approches quantitatives . Or c’ est cette voie que choisit André Corvisier qui dépouilla 60000 dossiers militaires individuels conservés aux Invalides . Dès lors , l’ histoire militaire retrouva peu à peu sa juste place , comme l’ histoire napoléonienne grâce à Jean Tulard et la géopolitique avec Yves Lacoste .
Professeur aux Universités de Rouen , puis de Paris IV et de Lausanne , André Corvisier devint Trésorier du Comité Français des Sciences Historiques ( 1970 – 1975 ) , et Président de l’ Association des historiens modernistes . En 1990 , il a été nommé chargé de conférences à l’ Ecole du Génie et Colonel de réserve de cette arme .
Collègue et ami du Général Fernand Gambiez , Président de la C.F.H.M. de 1969 à 1989 , et du Général Jean Delmas , qui lui succéda de 1989 à 1999 , il participa aux Congrès internationaux d’ histoire militaire comme rapporteur pour la France, ainsi à Stockholm , à Washington , à Bucarest . Secrétaire général de la C.I.H.M. , il en fut élu Président pour 5 ans en 1980 , et réélu en 1985 . Adjoint du Général Delmas au Bureau de la C.F.H.M. , il dirigea le séminaire « Armées et sociétés « à Paris IV , toujours suivi d’ un « pot « au café de la place de la Sorbonne avec ses fidèles auditeurs : le Pr . Jean Chagniot , le Général Deschard , les Colonels de Saint – Géran , Bonnefoy , Goenaga , le Commandant de La Mardière , M . et Mme Miraval , M . Romain Durand , M . Hermerel , M . Loustau …
De son impressionnante bibliographie , nous ne retiendrons que quelques titres : le « Précis d’ Histoire moderne « ( 1971 ) , guide sûr de plusieurs générations d’ étudiants , « Armées et sociétés en Europe de 1494 à 1789 « ( 1976 ) , sa monumentale biographie de Louvois ( 1983 ) , « Les hommes , la guerre et la mort « ( 1985 ) . Deux ouvrages rédigés sous sa direction constituent des sommes inégalées : le « Dictionnaire d’ art et d’ histoire militaire « ( 1988 ) et l’ « Histoire militaire de la France « en 4 volumes ( 1992 – 1994 ) . Dans les Mélanges André Corvisier « Le soldat . La stratégie . La mort . « , parus en 1989 , Pierre Chaunu , le Général Gambiez et Roland Mousnier ont témoigné de leur admiration et de leur estime envers celui dont tous , étudiants et disciples , ont apprécié la bonté et la droiture .
Parvenu à l’ éméritat , André Corvisier ne cessa pas pour autant de publier des livres de référence : « La Révolution française « , t . I, avec Jean Meyer , en 1991 ; « La Guerre . Essais historiques « , en 1995 , réédité en 2005 avec une postface d’ Hervé Coutau – Bégarie ; « La bataille de Malplaquet , 1709 . L’ effondrement de la France évité . « ( 1997 ) et « Les Saints militaires « ( 2006 ) .
Retiré en Normandie avec son épouse Micheline , il est resté lucide jusqu ‘ au dernier jour et nous a quittés à l’ âge de 95 ans , le 5 Juin 2014 . Universitaire reconnu par ses pairs du monde entier , citoyen exemplaire , ardent patriote , fervent catholique , « honnête homme « au sens du Grand Siècle , tel fut et demeure à jamais André Corvisier .
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